mercredi 3 septembre 2014

Servir Dieu et les siens





« Comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres... Par amour fraternel, soyez plein d'affection les uns pour les autres ; par  honneur, usez de prévenances réciproques. Soyez fervents d'esprit. Servez le Seigneur. Persévérez dans la prière. Pourvoyez aux besoins des saints » (Ro 5.5, 12-13).

1. Un prix élevé !

De cette lecture, je voudrais retenir tout d'abord le v. 10.
La première de partie de ce verset est simple. « Par amour fraternel, soyez plein d'affection les uns pour les autres ». L'expression 'amour fraternel' rappelle que les relations dont il est question ici sont celles qui lient les chrétiens entre eux. L'expression 'les uns les autres' confirme cela, comme partout ailleurs dans le Nouveau-testament. Elle indique la dimension de la réciprocité, de l'interdépendance qui est le propre des membres d'un corps, comme il est dit aux vv. 4 et 5. La TOB parle d'une « mutuelle affection ».
La deuxième partie de ce v. 10 est moins parlante à première lecture. « Par honneur, usez de prévenances réciproques ». Le mot 'honneur', en grec, se réfère à la valeur, au prix. On pourrait transcrire ce verset ainsi : Comme de précieuses porcelaines, usez de délicatesse pour ne pas vous ébrécher les uns les autres. Agissez avec égards, ne vous heurtez pas, faites grande attention !
La TOB dit : « Rivalisez d'estime réciproque ».
Le contexte de ce passage autorise à dire ceci : la valeur élevée qui est évoquée ici n'est pas tant liée à la nature humaine des personnes concernées qu'à leur statut d'enfants de Dieu, de membres de Christ, comme il est dit aux versets 4 et 5 que nous avons lus. Cela est plus qu'évident quand on lit cette lettre (et tout le Nouveau-testament) avec attention, mais nous vivons dans un monde qui a d'autres références, d'autres critères de jugement définis sans la révélation biblique, et le risque est grand que nous adoption, volontairement ou pas, les mêmes réflexes.
Il est vrai qu'à l'apparence, la différence entre un chrétien et quelqu'un qui ne l'est pas ne se voit pas toujours. Jésus aussi était sans apparence... Il n'empêche que la différence entre l'un et l'autre est très grande, plus grande que ce que nous le pensons. Les israélites ressemblaient à tous les autres hommes, mais Dieu leur dit : « Qui vous touche touche à la prunelle de mon œil » (Za 2.8). Les chrétiens que Saul de Tarse mettait en prison devaient ressembler à tous les autres hommes de leur temps, mais Jésus bouleversera le futur apôtre en lui disant : « Je suis Jésus que tu persécutes ! » (Ac 9.5). C'est en effet un  principe qui court tout au long de la Bible : Ce que l'on fait à un membre du peuple de Dieu, on le fait à Dieu. Ce que l'on fait à un membre de Christ, on le fait à Christ ! Cela donne sérieusement à réfléchir...

2. Servir Dieu et les frères

Nous pouvons faire un pas de plus avec ce passage en remarquant une étonnante alternance entre les versets qui touchent à la relation avec Dieu et les versets qui touchent à la relation avec les frères et sœurs dans la foi :
Verset 10 « Soyez pleins d'affection et d'estime réciproque »
Verset 11 « Servez le Seigneur ! »
Verset 12 « Persévérez dans la prière »
Verset 13 « Pourvoyez aux besoins des saints »
Voilà un bel équilibre, diront certains : la prière et l'action, Dieu et les autres...
Mais s'agit-il simplement d'un équilibre ? En réalité, il s'agit de deux communions indissociables ; il s'agit de deux engagements qui n'en font qu'un, comme un fruit commun de la même grâce, dans la même foi. 
L'apôtre Jean dans sa première lettre dit et redit cela à plusieurs reprises :« Si quelqu'un dit qu'il aime Dieu et qu'il haïsse son frère (chrétien), c'est un menteur. Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère ! Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie quand nous aimons les frères. Celui qui aime son frère demeure dans la lumière ».
Que d'atténuations n'a-t-on pas entendues en appliquant ces principes à l'ensemble des hommes (avec l'interprétation humaniste de la parabole du jugement des nation (Mt 25.40), notamment, transformant ainsi la marche chrétienne et le témoignage du Royaume de Dieu en une vague utopie ! Quel droit avons-nous pour adapter ainsi le message biblique à notre guise, délaissant les références de la Parole de Dieu pour celles de l'humanisme ambiant ?
Que certaines questions demeurent sans réponse, cela est bien possible. Que la précaution accompagne sans cesse notre démarche dans un esprit d'ouverture, cela est nécessaire. Mais jamais la Bible n'associe les membres du peuple de Dieu et l'ensemble des hommes pour en faire une seule entité. 
La notion de communion est toujours et exclusivement attachée à Dieu et à ceux qui lui appartiennent. La notion de sainteté également. Désirons-nous que ces réalités disparaissent sous prétexte que les hommes d'aujourd'hui ne les comprennent pas ? En vertu de la sainteté et de la communion, notre attitude envers Dieu et envers les frères en la foi se trouvent tellement associées qu'elles se confondent pratiquement. 
Corneille, centenier romain, était un homme « pieux et craignant Dieu ». Comment le savons-nous ? « Il faisait beaucoup d'aumônes au peuple et priait Dieu continuellement » (Ac 10.1-4). Le peuple dont il s'agit, c'est le peuple de Dieu, naturellement. 
Pouvons-nous comprendre que le secours apporté aux membres du peuple de Dieu ne relève pas seulement d'une relation horizontale, en vertu de références humanitaires ou sociales ou tout simplement morales. Elles sont en rapport avec la piété et le service rendu à Dieu, comme cela est dit explicitement dans la lettre aux Hébreux : « Dieu n'est pas injuste pour oublier votre travail et l'amour que vous avez montré pour son Nom, ayant rendu et rendant encore des services aux saints » (Hé 6.10).

« Priez sans cesse !    Pourvoyez aux besoins des saints ! »

3. Les pauvres parmi les saints

Cette expression se trouve dans la lettre aux Romains, au chapitre 15. L'apôtre Paul écrit : « Maintenant je vais à Jérusalem pour le service des saints. Car (les chrétiens de) Macédoine et d'Achaïe ont bien voulu s'imposer une contribution en faveur des pauvres parmi les saints » (v. 25-26). Ma conviction est que, même quand ce n'est pas précisé, les pauvres dont la Bible parle sont les pauvres du peuple de Dieu. (Lire Ac 11.27-30 ; Ga 2.10...).
Je n'ignore pas que cette affirmation est susceptible de troubler tel ou tel. Je la crois juste cependant, conforme à l'enseignement de l'Ecriture qui diffère, il est vrai, de l'esprit de la Déclaration des droits de l'Homme. La différence, c'est qu'au centre de la révélation biblique et au centre de l'Eglise se trouve la personne du Seigneur Jésus-Christ dont chaque chrétien est un membre vivant. En France particulièrement, c'est là quelque chose qui doit être rappelé constamment.
« Si un membre souffre, tous souffrent" dit Paul. Il parle de l'Eglise. "Si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui ». Et cela vient de Christ qui a voulu que les membres de son corps soient ainsi dépendants les uns des autres « pour prendre également soin les uns des autres, afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps » (1 Co 12.24-26). Il ne s'agit pas ici de division doctrinale, mais d'une division due au fait qu'un membre est seul, comme abandonné, un autre se sent inutile car il est âgé, un autre se sent indigne car il a des problèmes, un autre est gêné car il est démuni, un autre est abattu car il doute... La communion de l'Eglise est en danger ; la coupe qui doit recevoir la bénédiction est ébréchée, fissurée. Elle aura beaucoup de peine à déborder...
On a bien prêché, on a bien étudié, on a bien chanté, mais on a oublié les plus faibles parmi nous ; or, c'étaient des membres de Christ ! Et cela touche Christ lui-même ! Cela touche l'unité spirituelle, cela touche le témoignage, cela affecte la crédibilité de notre message. Cela touche la circulation de la gâce au milieu de nous : le corps est malade, il faudrait le soigner... 
Cela touche enfin l'action de gâce et la louange, et donc le culte, selon ce que Paul écrit  : « Le secours de cette assistance, non seulement pourvoit aux besoins des saints, mais il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâces envers Dieu ! » (2 Co 9.12).

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Frères et sœurs, retenons seulement ceci :
Quand j'aime et visite un frère ou une sœur chrétien,
c'est Christ que j'aime et visite,
c'est Christ qui l'aime et le visite !
Combien c'est grand !

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